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JE SUIS SUVIE PAR UN MEC...


En ce moment, je suis suivie à la trace par un mec, qui commence à sérieusement me fatiguer. Posez vos drapeaux féministes et vos hashtags revendicateurs, c’est pas le sujet et ça va pas nous aider dans l’histoire, au contraire. Ce mec, je le connais bien en plus. Il parait que c’est toujours comme ça que ça se passe de toute façon : tu ne te méfies pas et paf, il te fait une clé de bras et tu te retrouves par terre sans comprendre ce qu’il t’arrive. Bon, comme ça fait un baille qu’on se côtoie, je commence à comprendre et anticiper quelques uns de ses subterfuges, mais il est créatif l’animal. Vous vous demandez qui c’est hein ? Le plus drôle c’est que vous le connaissez aussi. Vous le fréquentez même. Enfin, IL vous fréquente, sans vous demander ni votre avis ni votre consentement, étant donné qu’il est sûr que vous diriez non. Qui a dit « mort au patriarcat » ? Je vous dis que ce n’est pas le sujet. Z’êtes têtue hein. Ce type, c’est incroyable, au moment où tu es peinardos, que tu penses avoir enfin trouvé le repos tant mérité, que tu penses avoir donné beaucoup pour parvenir à un peu de sérénité, c’est à ce moment qu’il débarque la mèche au vent, tout content d'être rappelé sur le devant de la scène.


Et quand il est là, c’est l’enchaînement de la lose. Généralement, ça fonctionne en grappe. Il crée une espèce de farandoles des difficultés, de manège des problèmes, de queue leu leu de l’emmerdement. Par exemple : ta fille aînée ne dort pas la nuit parce qu’elle a peur. Elle trouve enfin le sommeil grâce à tout l’amour que tu lui donnes et aux méthodes d’éducation positives que tu maîtrises à merveille (TU VAS TE COUCHER MAINTENANT SINON TU RESTES TOUTE SEULE DANS LE NOIR ET TANT PIS SI TU PLEURES BORDEL !). Ta deuxième fille se choppe le rhume du siècle et ne dort plus. Elle trouve enfin le sommeil à coup de pipettes de sérums phy injectées en série de 12, 6 fois par nuit. Dans chaque narine bien sûr. Ton mari se pète le genou. Il ne peut ni dormir (douleur atroce) ni marcher, ni parler (douleur atroce), ni rien en fait. Il trouve enfin le sommeil puisque ça fait 3 mois qu’il ne dort pas. Et… c’est à ton tour bien sûr de développer une conjonctivite niveau 9 (sur 5) qui te rend aveugle et acariâtre doublé d’une pharyngite pendant 2 semaines, semaines pendant lesquelles tu ne peux pas dormir alors que tu ne peux littéralement pas ouvrir les yeux. Au milieu de tout ça, tu te fais virer d’un taff au bout d’une semaine. Et par là-dessus, tu essaies d’acheter une maison à une propriétaire qui oublie d’évoquer quelques petits détails sans aucune importance (« au fait, la moitié de la maison est en zone inondable et je pensais que l’électricité était aux normes et en fait non. Et vous êtes en zone 3 niveau radon aussi. » Si vous ne savez pas ce que c’est le radon, vous irez voir plus tard, je ne suis pas wikipedia. Et si, je suis très aimable.) Et au détour d’une journée qui se passerait comme tu l’avis prévue, tu tentes de trouver l’inspiration pour développer ton projet qui lui, en revanche, dort très bien dans un placard.


Vous situez ? Le problème avec la présence de ce mec chez vous, c’est que vous ne savez jamais combien de temps il s’installe. Parfois il passe boire un café vite fait à la pause de 10h, histoire d’avoir un truc à raconter à la boulangère, parfois il débarque avec sa tente et ses affaires pour une bonne année, voire 15. Tu ne sais pas et tu ne pourras jamais savoir. Et tu n’as pas d’autre choix que d’accepter sa sale tronche dans ton salon.


Car c’est bien le problème avec cet énergumène. C’est qu’il te retourne la baraque, il fait sa loi et la seule chose que tu puisses faire, c’est lui ouvrir les bras, et l’accueillir. Ah, vus les froncements de sourcils, l’idée ne vous plait pas. Ben pourtant, il paraît que c’est beaucoup plus bénéfique que de lui coller un procès, de se plaindre à votre mère ou de lui taper dessus. Il s’agirait plutôt de lui dire qu’on comprend que sa présence est là pour nous délivrer un message, pour nous aider à nous dépasser, à apprendre encore un peu plus sur nous même, à découvrir des ressources inexplorées jusque-là. Il s’agirait de le laisser prendre sa place et son temps en acceptant d’être traversée par lui, sans se débattre. Si on se débat, on raconte que ça fait encore plus mal. Et depuis ma maigre expérience de vie, je peux quand même dire qu’en effet, c’est plus doux quand on le laisse passer. On l’observe, on lui parle, on l’écoute, même, parfois, on danse avec lui. Mais si je vous assure. Une bonne valse à 15 temps, un flamenco enflammé, une salsa épicée, un truc qui vous entraine dans une espèce de lutte AVEC ce type, plutôt que CONTRE, car en vérité, il contient une pépite, un cadeau dont lui seul à le secret, qu’il ne donne qu’à ceux qui acceptent la danse.


Ce type, c’est Monsieur CHIE. Jean CHIE. AAAhhhhhhhhh je vous avais bien dit que vous le connaissiez. La bonne nouvelle, c’est que si tu tends l’oreille et la main, (c’est une expression, pas une posture de yoga, détendez-vous), il se transforme, à un moment ou un autre, en Jean RIT. Même si c’est difficile, même si le cousin Jean PLEURE n’est jamais loin, essayez de lui ouvrir la porte, je vous assure, ça fait moins de dégâts qu’une effraction.


Bien la bise.


Lili Deca

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